Le Parlement européen presse Athènes d’ouvrir une « enquête urgente » sur le scandale des écoutes


Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, assiste à une séance du Parlement à Athènes, le 26 août 2022.

En déplacement à Athènes, la commission d’enquête du Parlement européen sur les logiciels espions (PEGA) a réclamé au gouvernement grec, vendredi 4 novembre, d’enquêter « de manière urgente et approfondie avant les élections de l’année prochaine » sur le scandale d’écoutes illégales qui agite actuellement le pays. A huit mois du scrutin législatif, prévu en juillet 2023, le gouvernement du premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, est fragilisé par une affaire de mise sur écoute par le renseignement grec de plusieurs journalistes et hommes politiques, dont le chef du parti socialiste grec.

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Les victimes ont été ciblées par un logiciel espion Predator, qui permet, une fois le téléphone infecté, d’enregistrer les messages et les appels – y compris ceux passés par le biais d’applications cryptées –, d’avoir accès à des mots de passe ou à l’historique de navigation sur le Web de l’appareil. Commercialisé en Grèce par la société Intellexa, dont le PDG, Tal Dilian, est un ex-agent des services secrets israéliens résidant à Chypre, le coût du logiciel a été évalué par les médias grecs à 14 millions d’euros, ce qui le rend difficilement accessible à des particuliers. Plus de 15 000 téléphones auraient été surveillés par les renseignements grecs, soit une hausse de 30 % depuis 2019.

La délégation des dix députés européens n’a pu s’entretenir ni avec le premier ministre ni avec les dirigeants d’Intellexa. « Tant que les autorités grecques ne sont pas disposées à partager les dossiers et documents officiels, nous devons construire un puzzle avec les pièces disponibles. Heureusement, il y en a beaucoup (…). Et toutes semblent pointer dans la direction de personnes faisant partie des cercles gouvernementaux », a noté l’eurodéputée néerlandaise (Renew) Sophie in’t Veld, rapporteuse de la commission PEGA.

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Après son élection en juillet 2019, le premier ministre avait placé les renseignements grecs directement sous son égide. En août, le média d’investigation Inside Story a révélé que la société Intellexa avait des liens avec le neveu du premier ministre, également responsable de son cabinet. Il a, depuis, été limogé avec le chef du renseignement et une réforme du service de ce dernier a été engagée.

« Confiance qui s’érode »

Mais les eurodéputés ont regretté le manque de transparence de la commission parlementaire ouverte fin août pour déterminer les responsabilités du premier ministre dans ce scandale. Le président de la commission PEGA, le Néerlandais Jeroen Lenaers (Parti populaire européen), a déploré que les conclusions de cette commission n’aient pas été rendues publiques et que « des personnalités-clés », notamment certaines victimes, n’aient pas été auditionnées.

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